LA CONDOTTA
Boulevard Courteline
Qui dit Courteline, dit théâtre de boulevard, un genre théâtral dont le but principal et avoué est de faire naître le rire de ses spectateurs. Si "le roman est un miroir que l'on promène le long d'un chemin", le théâtre de boulevard est une loupe que l'auteur s'amuse à poser sur les défauts de personnages eux mêmes placés dans des situations comiques voire grotesques.
La paix chez soi et La peur des coups, deux courtes pièces de Courteline, ont été écrites dans cette tradition. Chacune nous présente un couple bourgeois lors d'une scène de ménage. Madame est infantile et dépensière dans la première, monsieur est lâche et jaloux dans la seconde.
Courteline fait partie de ces auteurs qui ne sont pas - ou trop peu- représentés. Alors que son théâtre et les situations qu'il propose ne sont pas dénués de sens, loin de là. C’est dans cette optique que j’ai abordé mon travail avec les comédiens : la langue de Courteline est formidable, ses personnages nous surprennent souvent, se reconstruisant grâce aux discours qu'ils emploient, et que l'on ne leur prêterait pas. Les répliques sont ciselées de façon que l'on ne puisse pas les enfermer dans un système de pensée. Et cette richesse dans le langage devient, pour les comédiens, une richesse de jeu. Un espace d'interprétation toujours mouvant. Le texte est porteur de sens, certes, mais le mouvement est l'expression la plus simple et la plus appropriée comme véhicule pour amener la dramaturgie jusqu'au spectateur. Les situations sont fulgurantes, et les rapports de force se font et se défont à une vitesse que la parole seule ne peut suivre. Nous abordons le comique par la scène, l'expérience du plateau. Nous explorons, simplement les situations et personnages à travers l'espace.
Nous espérons que vous aurez autant de plaisir à (re)découvrir ces pièces que nous en avons eu à les travailler et à les porter sur scène.
Damien Delaunay, metteur en scène
© Guillaume Bouqueau