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© Julien Jovelin

Du même ventre

Une pièce de Catherine Anne

Mise en scène par Jessica Perrin

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Pourquoi avons nous un si grand besoin d'être aimé

Et qui peut le combler

 

Du même ventre, c’est avant tout une histoire de famille. Étudier les rapports de rivalité, d’amour et de haine qui animent une fratrie a été l'un des points cruciaux de ma mise en scène. Comment Paul, Louise et Camille alternent entre la jalousie et l'admiration ? s'allient les uns contre les autres, se font du mal, se piétinent et s'aiment ? Sur le plateau, il n’y a que trois personnages, mais autour d’eux évoluent toute une galerie de fantômes : leurs parents bien sûr, puis leurs compagnons de vie (Auguste Rodin pour Camille, Ferdinand de Massary pour Louise et à la fin Reine Perrin pour Paul), mais aussi les morts, et en particulier : Charles-Henri, l’aîné de la fratrie, mort à 16 jours. Ce mort non compté pour mort a une place capitale dans la famille Claudel : traumatisée, la mère n’a jamais pu se laisser aller à aimer totalement ses enfants, à les aimer sans craindre de les perdre, elle a installé entre elle et eux une barrière que Camille cherchera toute sa vie à détruire. Pour combler ce manque d’amour maternel, chacun des trois enfants partira à sa façon à la poursuite du bonheur. Et ce sont ces trois poursuites que la pièce nous donne à voir.

Louise est marquée par un double deuil : elle abandonne le piano pour fonder une famille, mais très tôt, elle perd son mari. C’est dans l’éducation de son fils qu’elle reportera alors tous ses rêves.

Camille qui se donne corps et âme à sa passion pour la sculpture et pour Rodin, subira une double trahison: non seulement, et malgré ses promesses, Rodin ne l’épousera jamais, mais surtout il la dépossèdera de son travail, allant jusqu’à s’approprier et signer les œuvres de son amante.

Paul, malgré une éducation laïque et dans un climat de rejet du religieux par la République, plonge dans le fanatisme. Ce qui ne l’empêchera pas de triompher sur tous les tableaux aux yeux de la société : il fonde une famille, mène une brillante carrière diplomatique et devient l’auteur que l’on sait.

Pour faire voir ces trois cheminements et dans le respect du texte de Catherine Anne, j’ai choisi une scénographie faite de symboles, un décor quasi nu, mais où chaque accessoire a une réelle signification et en particulier le calendrier accroché au fond de la scène qui permet aux spectateurs de voir le temps défiler. La temporalité de cette pièce est en effet très particulière, faisant penser au mouvement de la mémoire, elle part de la fin et remonte l’histoire à rebours pour comprendre comment on en est arrivé là. J’ai voulu prolonger cette volonté d’explication en demandant aux acteurs de s’approprier le texte et d’y mettre leurs propres souffles, quitte à en rompre parfois la poésie.

 

Femme qu'est-ce que cela signifie

 

En 2018, si je vous dis Claudel, vous répondrez certainement Camille, peut-être Paul, mais pas Louise. Avant 1988, et la sortie du film Camille Claudel de Bruno Nuytten, le nom de Claudel ne désignait que Paul, le grand poète, dramaturge et diplomate francais, qui a donné son nom à de nombreux établissements scolaires, ainsi qu’à quelques rues. En 30 ans, l'une des deux sœurs est sortie de l'oubli et a même surpassé son frère en terme de popularité. Née en 1987, j'ai toujours su qui était Camille Claudel, ayant grandi dans les années 90, j'ai été bercée par le girl power et la certitude que le patriarcat était une espèce en voie de disparition, et puis je suis devenue adulte. En 2017, le #balancetonporc a inondé les réseaux sociaux, nous rendant tous complices de ce système, alors monter Du même ventre en 2018 pourrait être une réponse à cette actualité qui s’interroge sur les femmes et le féminisme.

 

C'est l'histoire de Camille, Louise et Paul.

Camille c'est la femme moderne, en avance sur son temps, c’est l’artiste, l’égoïste qui veut briller, c’est l’amoureuse trahie.

Louise est a contrario le témoin de son époque: bourgeoise, épouse et mère de famille, toute sa vie elle fait les choix “qu’il faut”, et accepte de s’effacer au profit des hommes. Elle n'a qu'un an et demi de moins que sa soeur, mais des siècles semblent les séparer: elles ne peuvent/veulent pas se comprendre.

Et puis il y a Paul, le petit dernier, dont la vie a été “divisée en deux” par la rivalité de ses soeurs et qui cherchera à travers l’ensemble de son oeuvre la Femme.

 

Sous les linges blancs il y a toujours un rêve et une menace

 

Lorsque votre personnage principal est sculpteur, vous n'avez qu’une envie, c’est de travailler le rapport à la matière, au toucher et au corps…

La première matière, ce sont les acteurs, ils sont des corps que je peux disposer comme les personnages d'un tableau, offrant à chaque posture, à chaque déplacement une signification; leur grande capacité de métamorphose leur permettra d'incarner tous les âges de la vie.

Le deuxième matériau, c'est l'espace scénique, et parce que c'est une histoire d'enfants, je voudrais utiliser des craies pour marquer le sol et signifier les différents espaces.

Le troisième matériau est inscrit en filigrane dans le texte de la pièce: c'est le tissu, celui qui compose les costumes des personnages, mais aussi celui qui vole dans les airs: voiles, linges, draps, linceuls... le tissu est une invitation au voyage et au rêve, mais il offre aussi la possibilité de projeter des souvenirs, comme une mémoire enfouie.

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